Moïse Eugène Lisbonne nait le 2 août 1818 à Nyons (Drôme). Il étudie le droit à Paris et choisit Montpellier pour y exercer. Il devient procureur de Béziers en 1848, préfet de l’Hérault en 1870 et 1871, député de 1876 à 1881, sénateur de 1888 à 1891, année de son décès à Paris. Il repose au cimetière Saint Lazare de Montpellier.
Suite à la création de notre commune, étant en disponibilité, la préfecture le charge d’en gérer les débuts. Pour ce faire il ne peut agir qu’en tant que maire. Aussi, le 9 décembre 1872, se tient le premier conseil municipal ayant pour objet de « procéder à l’élection du Maire ». Les conseillers municipaux, M. LISBONNE compris, sont au nombre de dix. L’ancien préfet, obtient 9 voix sur dix.
Proclamé maire, il prend la parole : « Je remercie mes collègues du témoignage de confiance qu’ils viennent de me donner en m’appelant à être le premier Maire de la nouvelle commune du Crès et en insistant pour que j’accepte ces fonctions que j’aurais voulu voir remplir par tout autre de mes collègues.
J’ajoute messieurs que vous devez l’érection de votre pays en commune d’abord à vous-mêmes, à votre persévérance, à votre foi énergique dans le triomphe définitif du bon droit et de la justice. Vous le devez ensuite à la sollicitude du Conseil général, à ses tendances décentralisatrices. Il ne pouvait que s’intéresser à votre situation… car que demandiez-vous… votre émancipation administrative. Vous devez ensuite le succès de vos efforts à M. le Préfet DAUZON, qui a pour principe, dans l’administration départementale, de s’approprier, pour ainsi dire, les avis du Conseil Général, tant il est jaloux d’y souscrire. Vous la devez enfin, cette création municipale du hameau du Crès, au décret de M. le Président de la République dont l’intervention ne s’est pas fait attendre !
L’administration n’est pas moins difficile dans une petite localité que dans une grande, elle y est plus difficile peut-être, au début surtout. Eh bien, que les difficultés soient le stimulant de nos efforts, comptons chacun de nous sur le concours de tous. Faisons de la bonne administration, mettons à profit les ressources que nous assure le régime nouveau, que mettent à notre disposition les institutions républicaines. Travaillons, dans notre sphère modeste à leur affermissement, pour l’application, l’amour de l’ordre et le respect de la loi. Nous assisterons ainsi au bien être de notre nouvelle commune et à son développement graduel ».
Merci Monsieur LISBONNE, 150 ans après, les Cressois demeurent sensibles à ces nobles paroles auxquelles s’ajoutent celles que tout nouveau membre du conseil se devait de prononcer, « Je jure obéissanceà la Constitution et fidélité au Chef de l’État ».
Pierre Reboulin