Fallait-il en faire une décharge du District de Montpellier, remblayer le trou avec des matières dites inertes ou aménager le site ?

Jean-Marie ROUCHÉ, conseiller municipal depuis 1989, opposé à la création d’une décharge d’inertes, démissionne en 1994 et crée l’ADALCE (Association de Défense pour l'Aménagement d'un Lac sur le site de la Carrière et l'Environnement du Crès) dont il prend la présidence. Soutenu par quelques Cressois et habitants des alentours, il fait face à la municipalité et la Préfecture, notamment lors d’un blocus de 108 jours dont beaucoup encore se souviennent, pour empêcher les camions de déverser leurs chargements parfois suspects. Après de multiples péripéties, le lac du Crès est finalement préservé.

Nul ne peut aujourd’hui contester le site emblématique cressois qu’il est devenu. Maire de 1995 à 2001, Jean-Marie ROUCHÉ s’éteint le 21 avril 2016. La municipalité actuelle a souhaité lui rendre hommage et baptiser le site "Lac Jean-Marie ROUCHÉ", dénomination votée à l’unanimité lors du Conseil municipal du 16 avril 2021.

Faune et flore

Le lac est apparu suite à l’exploitation par la carrière qui a fait disparaître ou a sérieusement erodé trois hauteurs nommées en occitan :  le Serre de Redounel (sèrre de Redonèl, colline ronde), le Devezet (deveset, bois à usage réglementé) et le Roc Garde-vigne (Ròc Gardavinha) où se perchait le garde-champêtre surveillant les vignes en période de vendanges. 

De nombreuses espèces d’oiseaux fréquentent les abords du lac du Crès, qui, certes étendue artificielle, est devenue un véritable havre de paix : Aigrette garzette, Bergeronnette des ruisseaux, Bergeronnette grise, Canard colvert, Canard souchet, Chevalier guignette, Cormoran (Grand), Goéland leucophée, Grèbe à cou noir, Grèbe huppée, Héron cendré, Hirondelle des fenêtres, Hirondelle rustique, Martin-pêcheur, Martinet noir, Mouette mélanocéphale, Mouette rieuse, Pie bavarde, Pigeon biset, Sarcelle d'hiver.

Une faune piscicole est aussi présente, avec truites, brochets, carpes, perches (françaises et canadiennes), tanches et divers poissons blancs qui habitent le fond du Lac. L’association La Gaule cressoise organise régulièrement des alevinages en brochets et poissons blancs ainsi que des déversements de truites de janvier à mai. 

Une flore indigène était déjà présente sur le site : Pin d’Alep (Pin blanc en occitan), Peuplier blanc (Auba) et noir (Pibol), Frêne (Fraisse), Chêne vert (euse) et tout le cortège des arbustes de la garrigue sur les hauteurs. La végétalisation des pourtours du lac s’est faite ensuite à partir de Pin parasol (Pin pinhièr), Cèdre (Cèdre), Robinier (Cacièr), Mélia (Mèlia), Savonnier (Sabonièr), Érable (Agast), Faux-poivrier (Faus pebrièr), Cyprès (Auciprès), Arbre de Judée (Saugràs), Peuplier d’Italie (Pibol d’Itàlia), Tulipier (Tulipièr), Mûrier platane (Amorièr platana), Tilleul (Telh), et de très nombreux fruitiers,  Olivier (olivièr), Amandier (Ametlièr), poirier  (Perièr), grenadier (Milgranièr), Jujubier (Ginjorlièr), Figuier (Figuièira), Néflier (Nesplièr), Cognassier (Codonhièr), Vigne (Vinha), et autres petits arbustes indigènes ou importés mais résistants au climat méditerranéen. L’ensemble constitue un véritable arboretum offrant une floraison échelonnée dans l’année. 

De nombreuses orchidées sauvages ont également élu domicile sur les coteaux du lac, pour la plus grande satisfaction des passionnés, telles que les Anacamptis pyramidalis, la Barlie de Robert, l’Orchis bouc, l’Orchis homme pendu, le Limodore à feuilles avortées, de nombreux Ophrys (abeille, jaune, de mars, du chêne, bécasse). 

Pour maintenir cette biodiversité, il est nécessaire de respecter impérativement les lieux en s’en tenant aux chemins aménagés et de veiller à ce que la forêt de pins ne remonte pas excessivement ce qui ferait disparaître les espèces de lumière.

Sources – Ville du Crès, Josiane Ubaud , Pierre Reboulin, et Lucien Pocheville – 2023
Crédits photos – Gérard Duvert, Pierre Reboulin et Ville du Crès